
Maintenant, le « laissez-passer », permission d'entrer selon certaines conditions (sur un terrain public, d'ailleurs entretenu avec des fonds publics), donne accès, à la dernière minute, à des pacages à hautes clôtures où on y entasse le bétail des spectateurs jusqu'à occupation du moindre centimètre carré, pour ÉCOUTER un spectacle de haute qualité. Si vous mesurez moins de 5 pieds et 2 pouces, vous n'y verrez que des « spots », avec en prime de la fumée, et les dessous de bras des pauvres vendeurs de bière qui doivent se frayer un chemin, au risque d'échapper leur maigre gagne-pain et blesser un spectateur. Et ce, pendant que des privilégiés, on ne sait trop qui ils sont et pourquoi ils sont là, sont confortablement installés sur une terrasse surélevée. Au Pigeonnier, les meilleures places sont dans l'escalier de l'édifice « G », et aucun laissez-passer n'est encore exigé.
Quant à la scène des Plaines, vaut mieux se munir d'un télescope puissant si on veut apercevoir notre artiste préféré. Les écrans géants ne sont visibles qu'après 21 h 30.
Reste Place d'Youville où on exige le laissez-passer sans vraiment l'exiger. Quand tout le monde envahie « la patinoire », inutile de compter sur le confort relatif des marches du Palais Montcalm pour bien profiter du spectacle. Maintenant la règle à suivre est partout la même : tout le monde debout, au diable ceux et celles qui sont arrivés avant nous : « Tasse-toé mononc! ».
Je défie les organisateurs de l'événement à m'accompagner sur les différents sites, l'an prochain, pour évaluer, sur le terrain, pas sur la rue Saint-Joseph, à quel point un très grand nombre de festivaliers se sentent frustrés : cette frustration se lit clairement dans leur regard, impuissants qu'ils se sentent face à une organisation sourde qui ne les renvoie qu'à des Helmut Lotti ou au clan Dion, où là, y de la place en masse. Pourtant, le droit d'accès à l'excellence leur est promis pour un 16 cm carré lumineux à 20 $. - 2006